L’interdiction totale de la publicité pour les jeux de hasard dans les médias actifs en Belgique manque son objectif, les opérateurs illégaux et les géants étrangers en profiteront
Communiqué de presse DPG Media (e.a. VTM, Qmusic, Joe, Het Laatste Nieuws), Ads & Data (e.a. Play), RTL (e.a. RTL-TVI, Club RTL, Plug RTL, RTLplay) , Rossel (e.a. Le Soir, Sudinfo), IPM (e.a. La Libre, L’Avenir, La DH/Les Sports +), RMB (e.a. RTBF) et NGroup (e.a. Nostalgie, NRJ)
8 décembre 2022
- L’arrêté royal déterminant les modalités relatives à la publicité pour les jeux de hasard a été modifié à la suite des critiques de l’Europe et du Conseil d’Etat ;
- Le risque d’une interdiction de la publicité pour les jeux de hasard sous licence est toujours d’actualité : le marché illégal et les géants étrangers en profiteront ;
- Les médias actifs en Belgique demandent la mise en place d’une politique de canalisation ciblée en ce qui concerne la publicité pour les jeux de hasard en ligne ;
- Les médias actifs en Belgique appellent le gouvernement à travailler en concertation à une régulation juste, conformément à l’avis de la Commission des Jeux de hasard.
Politique de canalisation ciblée dans la lutte contre les prestataires illégaux.
Une interdiction totale de la publicité pour les jeux de hasard a été annoncée par le gouvernement belge en mai de cette année. Le texte de l'AR a été soumis à la Commission européenne et au Conseil d'État.
L'Europe a émis une critique fondée sur le fait que le législateur belge n'avait pas réussi à justifier la nécessité d'une interdiction de la publicité dans les médias actifs en Belgique. Une interdiction totale est en effet radicale et aurait l'effet inverse de celui recherché.
L'offre agréée qui existe aujourd'hui vise à garantir que les consommateurs puissent jouer en toute sécurité et de manière responsable. C'est l'essence même de la politique belge d'octroi de licences : les jeux de hasard ne peuvent être organisés que dans des conditions strictes et de nombreuses mesures sont prévues afin de protéger les joueurs.
En raison de la dimension mondiale d'Internet et de l'offre illégale massive, il ne suffit pas de mettre passivement à disposition des joueurs une offre légale pour obtenir une canalisation suffisante. Les consommateurs doivent en effet être informés de l'existence d’une offre à la fois fiable, protégée et légale.
L'interdiction de la publicité dans les médias actifs en Belgique, fait obstacle à toute possibilité de prévention et les joueurs ne peuvent plus être redirigés du circuit illégal vers le circuit légal.
Pas de discrimination à l’encontre des médias actifs en Belgique
En outre, l’AR tel que rédigé contient plusieurs discriminations qui désavantagent les médias actifs en Belgique. L'interdiction de la publicité touchera principalement les médias actifs en Belgique alors que, par exemple, des publicités peuvent être faites par les opérateurs sur les médias sociaux et en ligne. Les publicités doivent, selon l’AR, disparaître des médias actifs en Belgique alors qu’elles peuvent par exemple être poursuivies sur les réseaux sociaux et les plateformes en ligne des géants internationaux de la tech. Les médias actifs en Belgique sont ainsi désavantagés alors qu'ils sont déjà soumis à une forte pression, notamment en raison de la domination des médias sociaux et des plateformes en ligne. Les géants internationaux accueilleront favorablement les revenus publicitaires supplémentaires provenant de Belgique.
L'arrêt complet de ces investissements importants dans les médias actifs en Belgique aura un impact sur les consommateurs de médias.En effet, ces revenus constituent aujourd’hui une source de financement essentielle qui permet notamment aux médias actifs en Belgique d’informer de manière indépendante et pluraliste les citoyens et de concourir valablement pour l’acquisition de certaines compétitions sportives. A défaut, de plus en plus de compétitions se retrouveront derrière le paywall d’un géant de la tech et la capacité des médias à investir dans une information de qualité pourrait également s’en ressentir.
En coopération avec le Gouvernement
Les médias actifs en Belgique ont, quant à eux, indiqué à de nombreuses reprises vouloir prendre des initiatives avec le secteur pour limiter l’impact de la publicité pour les jeux de hasard. Ils appellent à nouveau le gouvernement à travailler ensemble pour lutter efficacement contre la dépendance au jeu au lieu de tout interdire.
Nous ne sommes pas les seuls à défendre cette position. Dans un avis antérieur, la Commission des Jeux de hasard a indiqué ne pas être en faveur d’une interdiction légale et a estimé que le gouvernement devrait parvenir à des accords équilibrés en coopération avec le secteur.
En outre, une telle collaboration avec les médias actifs en Belgique permettrait de répondre aux ambitions du Gouvernement. En effet, il ressort de la carte blanche parue le 06/12/2022 (De Morgen), que le gouvernement lui-même a des attentes erronées quant à son AR. Les auteurs de cette carte blanche plaident en faveur de l'adoption rapide de l’AR. Pourtant, à les lire, les publicités à la télévision sont "limitées" alors qu’en ligne, il n’y a pas moyen "d’échapper aux logos criards". Pourtant, l’AR ne limitera guère la publicité en ligne, mais supprimera complètement la publicité télévisée limitée de même que toute publicité sur nos médias). L’AR aboutit donc à renforcer le problème au lieu de le résoudre.
Pour conclure, nous souscrivons également à la thèse de Denis Philippe, avocat et professeur à l'UCL (L'Echo, 06/12) : l’AR détruit l'économie belge sans bénéfice pour la protection des joueurs.
Contact de presse:
Wilfried Celis, Président de VIA (L’Association des Médias Audiovisuels en Belgique), 0477/27 27 90