OPINION - 'ECall sauvera des vies sur nos routes mais qui va payer?'
4 novembre 2015
Karin Genoe, CEO Belgian Road Safety Institute
Il faudrait que la Belgique accélère les préparatifs du système eCall, un système qui permet d'envoyer automatiquement un appel d'urgence en cas d'accident de la route; d'ici 2018, tous les nouveaux modèles de véhicules devraient en être équipés de manière standard. ITS.be, la Febiac et Agoria ont déjà tiré la sonnette d'alarme. La grande question est de savoir qui va supporter les coûts liés au central téléphonique vers lequel tous les appels seront dirigés. Nous devons collaborer et aller au-delà de ce débat pour tirer profit du gros atout de ce système, à savoir la diminution du nombre d'accidents mortels.
Le projet eCall a souvent été mis sur le côté, mais grâce à une décision de la Commission européenne, il est enfin entré dans la dernière phase depuis le mois d'avril. En 2018, le système devra être intégré de manière standard dans tous les nouveaux modèles de véhicule et devra être opérationnel partout en Europe. Les atouts sont innombrables: le nombre d'accidents mortels peut diminuer de 1 à 5% et les blessures graves peuvent être atténuées. Etant donné que les services d'urgence sauront immédiatement quels types de véhicules sont impliqués dans l'accident, ils pourront dégager plus facilement les passagers. Le nombre d'embouteillages devrait également régresser significativement grâce à une intervention plus rapide des services d'urgence et à la notification immédiate du lieu de l'accident aux autres usagers de la route.
Par ailleurs, les automobilistes qui assistent à un accident pourront également utiliser le système pour prévenir les services d'urgence en activant manuellement leur système d'alerte.
Un énorme pas en avant
Pour la Belgique, cela représenterait un énorme pas en avant. Actuellement, la ministre de la Santé publique se penche sur la question suivante: qui va financer l'automatisation et le fonctionnement du système eCall?
Nous devons créer une grande centrale unique qui traite les appels et les notifications des automobilistes 24h/24 et 7 jours sur 7 dans les trois langues du pays et en anglais. Cette centrale devra également pouvoir distinguer les faux appels et les erreurs des vrais cas d'urgence pour pouvoir ensuite impliquer les centrales d'appels d'urgence provinciales, qui doivent envoyer les équipes d'intervention.
La question est de savoir qui va supporter les coûts liés à cette centrale d'appels. Certains veulent faire endosser ces coûts par les constructeurs automobiles ou le secteur des télécoms, d'autres estiment que c'est au gouvernement qu'il incombe de financer ce service via la communauté. Et c'est là que le bât blesse.
Dans l'attente de cette centrale, l'IBSR voit dans l'eCall privé une alternative intéressante. Plusieurs constructeurs automobiles proposent déjà ce système et gèrent les appels au sein de leur propre centre d'appels. Mais ces centres se trouvent souvent à l'étranger et doivent prendre contact avec les services belges d'urgence via un numéro privé.
Aucune ligne directe n'est disponible actuellement, ce qui complique la communication avec les services belges d'intervention. La qualité de ce système ne peut donc pas être garantie pour le moment.
Il y a quelques jours, ITS. be, une collaboration public-privé sur la mobilité intelligente, a demandé l'instauration d'une meilleure collaboration entre le système privé eCall et les centres publics, comme premier pas vers l'eCall.
Nous pensons qu'une collaboration ouverte entre le privé et le public est une bonne chose. C'est le premier pas évident dans le cadre de l'introduction d'un système à plus grande échelle.
Il est essentiel de résoudre rapidement la question financière afin que nous puissions enfin démarrer l'opérationnalisation du système. Il s'agit de sauver des vies et de limiter les conséquences des accidents de la route. Mais la crédibilité de notre pays est également en jeu.
Les conducteurs étrangers voudront bénéficier en Belgique d'un service comparable à celui qui existe dans leur pays. La Belgique ne peut pas se permettre de ne pas respecter l'échéance de 2018. Le système eCall, qui permet d'envoyer automatiquement un appel d'urgence en cas d'accident de la route, sera obligatoire dans tous les nouveaux véhicules d'ici 2018. Le nombre d'accidents mortels pourrait ainsi diminuer de 1 à 5%. Les automobilistes qui assistent à un accident pourront également utiliser le système pour prévenir les services d'urgence en activant manuellement leur système d'alerte.