OPINION - 'La circulation routière n’est pas un champ de bataille'

Koen Van Wonterghem, directeur de l'association parents d'enfants victimes de la route 

Il y a 1,25 million d’accidents (mortels) de la route à travers le monde, et le nombre enregistré en Belgique n’est pas insignifiant. L’association « Parents d’enfants victimes de la route » plaide en faveur de mesures de sécurité routière plus strictes : permis à points, système ISA (Assistance intelligente de vitesse) et alcolock, ainsi qu’une justice qui assure un meilleur suivi. Il faut continuer de faire évoluer les mentalités.

Dimanche dernier était la journée mondiale du souvenir des victimes de la route. Nous avons à nouveau pensé à toutes ces vies perdues dans un accident de la route. Et à toute cette tristesse et cette souffrance qui y sont liées.

Je rencontre chaque jour des parents qui pleurent leur enfant. Ils doivent apprendre à vivre avec toute cette peine. Chaque sujet d’actualité qui porte sur un accident de la route rouvre leurs plaies car ils savent pertinemment bien à quel point les proches sont touchés au plus profond de leur être par un tel accident. Et chaque nouvel accident de la route est un accident de trop. Il est grand temps que des mesures audacieuses, voire impopulaires, soient prises pour inverser la tendance.

Chaque année, 1,25 million de personnes décèdent dans un accident de la route dans le monde. Et les chiffres enregistrés en Belgique sont désastreux. Chaque année, quelque 700 personnes perdent ainsi la vie dans un accident de la circulation, dont 150 enfants et adolescents.

Il ne faut pas chercher trop loin où le bât blesse. En Belgique, nous devons effectivement lutter contre un problème très grand. Il ne s’agit pas de l’infrastructure. Il ne s’agit pas non plus de la technologie qui équipe les véhicules. Mais il s’agit bel et bien de l’attitude des conducteurs belges.

Des sanctions trop peu sévères
Nous sommes beaucoup trop conciliants en ce qui concerne la gravité des comportements inadaptés au volant. En effet, un accident de la route est encore trop souvent considéré comme un « accident ». Un événement fortuit. De la malchance. Quelque chose qui peut arriver à tout le monde. Et sûrement pas à cause de ces deux verres de vin pris au cours du repas. Ou à ces trois petits kilomètres par heure en plus. En Italie, un conducteur imprudent risque jusqu’à 16 ans de prison. « C’est exagéré ! », me direz-vous.

Je ne pense pas. Les conséquences de la conduite sous l’influence de l’alcool ou de toute autre attitude imprudente au volant sont connues. Et ceux qui sont prêts à courir le risque doivent également être prêts à en subir les conséquences éventuelles, en sachant que ces comportements peuvent coûter des vies. Les sanctions en Belgique sont beaucoup moins sévères que dans de nombreux autres pays européens.

Changer les mentalités
Faites un rapide sondage autour de vous : vous verrez tous les utilisateurs de la route sont unanimes pour dire qu’il faut réduire le nombre d’accidents mortels. Presque tous diront qu’il faut organiser davantage de contrôles. Mais surtout, tous sont convaincus qu’ils sont de bons conducteurs, qu’ils conduisent prudemment et que les mesures supplémentaires ne prévaudront pas pour eux.

Il est grand temps que la circulation routière ne soit plus considérée comme un champ de bataille. Le gouvernement doit oser prendre des mesures plus strictes et plus audacieuses. L’appel lancé par la ministre Galant à tous les citoyens pour que ceux-ci donnent des idées pour améliorer la sécurité routière est un début. Il a le mérite d’attirer l’attention sur le problème. J’attends beaucoup des Etats généraux de la sécurité routière et espère que la Ministre osera prendre des mesures impopulaires, notamment en introduisant le permis de conduire à points, en équipant tous les véhicules d’un éthylotest obligatoire, d’une assistance intelligente de vitesse... Et surtout en assurant un suivi étroit par la justice de toutes les infractions commises.

Une main de fer s’impose pour provoquer une modification des comportements. Je fais volontiers la comparaison avec l’interdiction de fumer. Il y a plusieurs années, il était impensable que la cigarette soit un jour interdite au bureau ou au café. Et pourtant l’interdiction a été introduite en dépit de toutes les protestations et levées de boucliers. Progressivement, le calme est revenu, et les mentalités ont changé.

Et c’est exactement ce qui doit se passer au niveau de la sécurité routière. Dès aujourd’hui plutôt que demain. En effet, tout nouvel accident grave de la route est une bombe qui fait éclater la vie en mille morceaux : il entraîne de nouvelles plaies et en rouvre d’anciennes.

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