Opinion - 'Renforçons les attributions des agents de sécurité privée'

Dans un entretien au « Soir » paru samedi 27 août, Charles Michel déclarait vouloir redéfinir les missions des sociétés de gardiennage privé. Un manager dans le secteur plaide en faveur de l’instauration d’une politique de sécurité intégrale impliquant tant la police que les services privés de surveillance.

Régis Gaspar, CEO de Securitas

En raison de la menace terroriste, il est plus utile que jamais d’adapter la loi sur la sécurité privée. Faire contrôler les sacs à dos par les agents de sécurité et permettre à la police d’accéder plus rapidement aux enregistrements des caméras de surveillance, comme le propose le Premier ministre Charles Michel, est un bon début. Mais nous devons oser aller plus loin, en permettant aux agents de sécurité de patrouiller également sur la voie publique et d’analyser les images vidéo dans les salles de contrôle.

La répartition des tâches en matière de sécurité, entre la police et les agents de sécurité, alimente les débats depuis un certain temps déjà. Mais aujourd’hui, nous devons encore y réfléchir en nous fondant sur la loi relative à la sécurité privée qui date d’il y a 25 ans. Il est grand temps de l’actualiser. Nous ne vivons plus dans le même monde qu’il y a 25 ans. La police se noie dans le travail, notamment en raison de la menace terroriste. Or, en tant que société de surveillance privée, nous ne pouvons pas patrouiller sur la voie publique. C’est absurde, n’est-ce pas ? Notre secteur compte 15.000 agents sur le terrain, soit 15.000 paires d’yeux et d’oreilles qui peuvent aider la police à garantir la sécurité des citoyens. Nous disposons également de 250 véhicules de patrouille. Nous pouvons donc très bien effectuer des tâches qui ne relèvent pas des activités fondamentales de la police.

La commune de Herne, un exemple
Dans la pratique, nous ressentons la nécessité d’une collaboration plus étroite entre les services réguliers de la police et les sociétés de surveillance. Cette collaboration dans la commune du Brabant flamand de Herne en est un parfait exemple. Après de nombreux vols avec effraction, cette commune a demandé que davantage de contrôles y soient effectués. Nous répondons désormais à cette demande sous le contrôle et la régie de la police, car les agents de sécurité ne peuvent pas patrouiller sur la voie publique. Notre patrouille est chargée de la surveillance de 22 bâtiments. Si un agent remarque quelque chose de suspect, il prévient la police, comme doit le faire d’ailleurs tout citoyen. Une modification de la législation pourrait permettre que les sociétés privées de surveillance puissent réellement patrouiller et dresser des constats sur la voie publique.

Il en va de même pour la surveillance par caméra et l’analyse des images vidéo. Les citoyens partagent de nombreuses photos sur Instagram ou WhatsApp. Mais nous ne pouvons pas encore, d’un point de vue légal, utiliser les images vidéo enregistrées sur la voie publique. Il est pourtant essentiel de pouvoir contrôler le périmètre autour d’un bâtiment. Depuis la modification de la loi sur les caméras de surveillance, au mois de juillet, les agents de sécurité peuvent regarder les images en direct. C’est un bon début, mais nos agents de sécurité pourraient également remplacer sans aucun problème les agents de police dans les salles de contrôle. Le secteur privé pourrait offrir son aide logistique et technologique pour la surveillance des bâtiments. Nos agents de sécurité pourraient également être utiles dans le cadre de la protection des infrastructures critiques, telles que les sites nucléaires.

Contrôles systématiques
Le fait que Charles Michel autorise les agents de sécurité à ouvrir les sacs à dos lors d’événements pour contrôler la présence éventuelle d’armes est positif en soi. Mais contrôler les bagages des gens qui paraissent suspects ne suffit pas. Il faut effectuer des contrôles systématiques, comme c’est le cas dans les aéroports. Hélas, pour l’instant, cela demeure impossible et ce n’est toujours pas prévu dans la nouvelle proposition du Premier ministre.

La notion de « contrainte » doit également être précisée dans la nouvelle loi. Les gens qui entendent crier «  au voleur » peuvent se mettre à la poursuite du voleur et l’arrêter, mais dans la loi sur la sécurité privée, rien n’est stipulé à cet égard. La nouvelle législation doit être plus précise. Je ne veux bien sûr pas dire que nos agents doivent pouvoir recourir à la force. Cela doit rester du ressort exclusif de la police.

Echange d’informations
Nous devons plus que jamais miser sur la prévention. Aussi est-il nécessaire d’améliorer l’échange d’informations entre le secteur privé et la police. Nous disposons, en tant que secteur privé, d’informations et de connaissances pouvant se révéler capitales pour les services de police, notamment en matière d’analyse des données. Dans le cadre de grands événements, nous pouvons surveiller les allées et venues de grands groupes de personnes grâce aux caméras intelligentes. Les caméras intelligentes permettent également de détecter tout comportement suspect, par exemple sur un parking.

L’appel lancé par Charles Michel est une première étape importante. Mais pour garantir la sécurité des citoyens belges, il faut instaurer, d’un point de vue structurel, davantage de concertation entre le secteur de la surveillance et le gouvernement. Nous sommes prêts à aider la police dans la lutte contre le terrorisme. La législation doit maintenant s’adapter à la réalité du terrain.

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