Position de l'URBSFA concernant le mondial au Qatar

Récemment, un article paru dans le journal The Guardian a soulevé de vives réactions sur la situation des ouvriers étrangers au Qatar. L’article a ravivé le débat sur l’organisation de la Coupe du Monde au Qatar et sur le rôle que pouvait jouer l’URBSFA.

Le mercredi 24 mars, les Diables Rouges entameront leur campagne qualificative en vue du Mondial 2022 au Qatar en affrontant le Pays de Galles. Comme lors des Championnats d’Europe, la Coupe du Monde devrait ravir tous les supporters, de même que notre génération dorée de footballeurs si nous nous qualifions. Elle devrait être aussi une grande fête pour la population locale. Or, il est impossible de faire la fête si nous fermons les yeux, au sein de l’URBSFA, sur les conditions de travail dans le cadre des préparatifs de ce grand tournoi.  

La situation au Qatar 

Pour bien comprendre la situation au Qatar, il faut revenir un peu en arrière. Paradoxalement, l’Émirat est le seul état de la région à avoir entrepris récemment des réformes pour améliorer les conditions de travail, sous la pression des organisations de défense des droits de l’homme, l’Organisation internationale du Travail et la FIFA. Petit récapitulatif : 

  • 2010 : la FIFA choisit le Qatar comme pays organisateur de la Coupe du Monde 2022. 
  • 2013 : les premiers rapports sur les conditions abominables de travail des ouvriers sont publiés. C’est le système de la « Kafala » qui est principalement pointé du doigt : les ouvriers migrants ont besoin d’un parrain qatari (souvent leur employeur) pour pouvoir travailler au Qatar. Celui-ci peut décider de leur retirer leur permis de travail tout en leur interdisant de quitter le pays. C’est l’esclavagisme des temps modernes. Par ailleurs, les représentations syndicales sont interdites pour les ouvriers migrants, et il n’y a aucune inspection sociale des conditions de vie ni aucun salaire minimum.  
  • 2013-2017 : les organisations de défense des droits de l’homme, l’Organisation internationale du Travail et la FIFA relaient la pression internationale pour obliger le pays à adopter certains changements. 
  • 2017 : l’Organisation internationale du Travail entame des pourparlers avec le Qatar pour modifier le système de la Kafala. Les ouvriers étrangers qui construisent les stades ne sont pas les seuls concernés ; le personnel domestique (ex. : des fillettes) l’est également. 
  • Le 8 septembre 2020 : le Qatar introduit des réformes législatives. Le système de la Kafala est aboli. Les ouvriers peuvent désormais partir sans l’autorisation de leur parrain, et un salaire minimum de 1.000 QR est adopté (ce qui est toujours très peu par rapport au niveau de vie au Qatar, mais bien plus que ce que les ouvriers immigrés toucheraient dans leur propre pays). 
  • 2021 : la FIFA et le Qatar signent un mémorandum d’entente en vue d’améliorer les conditions de vie et de travail des ouvriers, et de contrôler le respect des nouvelles règles. L’institut qatari de défense des droits de l’homme veillera au respect de ce mémorandum. 

Bien que la situation des ouvriers immigrés soit encore précaire, le Qatar est le seul pays de la région du Golf à avoir introduit des réformes. La pression internationale exercée par les organisations de défense des droits de l’homme, l’Organisation internationale du Travail et la FIFA a ainsi été un important catalyseur de ces réformes.   
 
Le football, levier du changement  

L’URBSFA n’ignore pas la problématique, mais elle estime que le football peut jouer un rôle de levier du changement. Le Qatar va attirer de plus en plus l’attention dans le cadre de la Coupe du Monde jusqu’à la fin de l’année 2022. L’URBSFA souhaite mettre à profit cette attention pour ouvrir la voie à d’autres réformes. 
 
Des voix s’élèvent ici et là pour boycotter l’organisation de la Coupe du Monde au Qatar. Les organisations de défense des droits de l’homme estiment que ce n’est pas une bonne idée : les ouvriers en seraient les principales victimes. Ils perdraient leurs revenus et devraient retourner dans leur pays d’origine. 
 
La pression internationale a déjà été bénéfique. Bien que la situation des ouvriers immigrés soit loin d’être idéale, les organisations de défense des droits de l’homme reconnaissent que le Qatar est le seul pays de la région du Golf à avoir introduit de réelles réformes dans sa législation.  
 
Les prochaines étapes 

L’URBSFA attend de la FIFA qu’elle continue à suivre le dossier de près et à exercer une certaine pression sur le Qatar pour qu’il y ait de réels contrôles quant au respect des nouvelles modifications législatives. Il ne faut pas que celles-ci restent lettre morte. Par ailleurs, l’URBSFA va demander à la FIFA de rédiger et de publier des rapports à intervalles réguliers sur la situation.  
 
L’URBSFA souhaite exploiter au maximum la participation des Diables Rouges à la Coupe du Monde pour contraindre des réformes. Bien que le football ne puisse pas résoudre seul les problèmes d’ordre sociétal, il a le pouvoir de faire bouger les choses.

Pierre Cornez

Press Officer, Royal Belgian Football Association

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